Sans Titre (onde_3d), craie sèche et acrylique sur toile, 150 x 150 cm, 2012
Le rituel consiste à tracer une ou plusieurs lignes sur la surface de la toile de telle façon à ce que le chemin parcouru indexe et fabrique peu à peu un tissu graphique et sensoriel. Le rythme graphique recherché se fabrique à l’échelle sensible des mouvements du corps et de ses degrés de liberté. Depuis les années 90, la série interroge une sorte de cinégraphie sensorielle évoquant le fonctionnement des machines graphiques, c’est à dire principalement réglée par le jeu rythmique de l’amplitude, de la fréquence et de la périodicité des gestes du corps pour tracer.
Les peintures réalisées à la craie sèche noire ou blanche ou au fusain sur toile puis fixés avec de l’acrylique sont réalisées à partir d’une enduction préparée (noire ou blanche) qui permet l’inscription à la fois picturale et graphique de la forme sur la toile.
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additivité / soustractivité …
Une ligne dessinée au fusain sur papier, ou à la craie sur un tableau noir est additive, car la matière du fusain et de la craie forme une couche supplémentaire qui se superpose au substrat. En revanche les lignes grattées, incisées ou gravées sur une surface sont soustractives, puisqu’elles sont dans ce cas formées par la suppression de matière. Comme les fils, les traces abondent dans le monde non humain. elles sont le plus souvent le résultat d’un déplacement animal, qui se manifeste par des pistes et des empreintes. Si, avec sa bave, l’escargot laisse derrière lui une trace additive, les empreintes des animaux sont généralement soustractives, causées par des creusements dans le bois ou l’écorce, par des empreintes sur des surfaces meubles comme la boue, le sable ou la neige, ou , sur un sol dur, par des traces de leur passage…
Traces, fils et surfaces, Tim Ingold, Une brève histoire des lignes